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Arles, samedi 20 avril 2019- Morante, Manzanares, Avaro Lorenzo/Garcigrande

par Avr 25, 2019Corrida 2019

Des corridas comme on en a vu mille. Alors, évidemment, pour la première de la saison, on en sort un peu déçu. De jolis petits toros au physique, aux cornes commodes, sans grandes qualités au moral, sauf le deuxième de Manzanares, de grand allant et de grande noblesse.

Morante avait sorti un nouveau costume, plein de complications brodées et colorées sur fond blanc à parements noirs. Deux véroniques de la casa et une petite demie en passant puis plus grand-chose devant un adversaire à contre-style. Son suivant sera moins médiocre, mais distrait et avec un rien de brutalité dans la charge. Morante semble vouloir vaincre sa propre apathie par deux séries d’entame par doblones de grande beauté, templés et vipérins, gorgés de toreria, puis trois au quatre passes de main droite, où il compose la figure en ralentissant la charge, le bras contraire levé. C’est beau mais c’est peu. Les difficultés à la mort n’arrangent rien. Sifflets.

Manzanares revient, qu’on se le dise ! Face à un toro con gaz, noble et qui répète, il nous sert le grand jeu en commençant par des naturelles, templées, amples et un peu lointaines. Aisance, très grande fluidité, belle élégance. Alain Delon/Tancrède à la soirée de bal chez le prince Don Fabricio dans « Le Guépard ». Sa faena est cependant davantage une démonstration du beau geste que de profondeur (oreille). Le second combat sera moins brillant mais plus intéressant pour l’aficionado. Longue faena où le torero tente de polir les aspérités de son adversaire médiocre, faible et qui balance la tête comme par ennui. Manzanares avec une belle abnégation et beaucoup d’intelligence parvient à l’intéresser, à inventer un toro là où il n’y avait rien. Recibir impeccable (deux oreilles qui, évidemment, n’en étaient qu’une).

Forte impression du jeune Toledan Alvaro Lorenzo, qui a réussi à s’imposer. Tête bien faite, il ira deux fois au quite sur les toros de son compagnon, fera face à son très médiocre premier adversaire, servira dans le sitio une paire de naturelles miraculeuses avant un numéro de porfia plein d’aguante devant cette masse immobile à cornes pour tout faire-valoir (une oreille récompense son sérieux). Le dernier sera plus coriace, tardo et brutal, il se rue par deux fois sur le cheval du piquero  qui par deux fois le rate et par deux fois chute de sa monture. La troisième sera la bonne…. Alvaro n’en perd pas ses papiers, lui met la muleta sous le mufle et le tire, le tire autant qu’il le peut. Trasteo technique et de mérite, peut-être  un brin long. Mais ce jour, échaudée par Morante, l’arène était sensible à ce souci de bien faire et à une si grande application. Moi aussi (saludos).